Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/125

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menton appuyé sur ses deux poings. Quand elle leva la tête, elle vit ses yeux, des yeux hagards, injectés de sang, qui fouillaient l’entrebâillement de son peignoir.

Le lendemain, Lucie garda le lit. Robert conduisit le docteur auprès d’elle. Elle gémit :

— Je suis patraque… j’ai de l’oppression… une douleur lancinante au cœur.

Il dut céder aux instances de Robert et l’ausculter. Il couvrit d’une serviette la poitrine de la jeune femme, appliqua son oreille contre la toile, et il commandait : « Toussez, respirez plus fort. »

Lucie, tout en se conformant à ses injonctions, épiait sa voix et ses gestes pour y surprendre quelque tremblement. Mais, impassible, attentif à l’épreuve, il continuait, interrogeait, par de petits coups de son index recourbé, les différentes parties de la gorge. Ayant fait subir au dos la même opération, il conclut froidement :

— Vous n’avez rien, Madame.

— Cependant, docteur, objecta Chalmin, elle souffre, il y a peut-être un remède…

Danègre ricana :

— Oui, il y en a un : s’habiller et sortir.

Lucie, vexée, lui témoigna désormais une indifférence hautaine dont il ne se souciait pas. Ils ne s’adressaient que les paroles indispen-