Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/13

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molles, d’une mollesse de chiffe. Sa figure pâle et fine indiquait de la douceur. D’ailleurs, à la longue, de l’examen minutieux auquel elle le soumit, ce fut ce trait principal qui se dégagea, une mansuétude extrême, une bonté naïve. Il riait aisément et franchement. Il s’amusait d’un rien.

Elle s’enquit de son passé. Élevé dans des principes religieux et dans l’obéissance aux règles de morale les plus austères, Chalmin eut le malheur, à sa majorité, de perdre ses parents. Privé de direction, il connut de jeunes oisifs dont il partagea les plaisirs et les débauches.

Mais, pendant cette période, il garda, malgré tout, le respect de soi-même. Il n’afficha pas ses maîtresses, subvint à leurs besoins sans prodigalité, ne s’attacha jamais à l’une d’elles et ne convoita pas la femme d’autrui. La médisance ne pouvait donc l’accuser d’aucune compromission, ni associer à son nom le souvenir d’aucun scandale.

Ses camarades l’aimaient. Le monde l’affectionnait. Il valsait bien, parlait à sa danseuse, jouait passablement du piano et animait les fins de bal. On le tenait pour spirituel.

En résumé elle le jugea tendre, loyal, assez ignorant, superficiel et sympathique.

Munie de ces notes, elle partit en chasse. Robert, désireux de se libérer vis-à-vis de