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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/134

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— Eh bien ! non, parle, j’aime autant savoir.

— Savoir quoi ? fit-elle.

Il se glissa jusqu’à son oreille, incapable de formuler à haute voix cette accusation :

— C’est ton amant, n’est-ce pas ?

Quelque chose de plus fort qu’elle, l’ennui de mentir, le besoin d’un épanchement, ou plutôt un instinct mauvais, lui imposa sa réponse.

Elle dit :

— Oui, c’est mon amant.

Il resta confondu d’abord. Malgré tout, il croyait en son honnêteté, et cet aveu fut pour lui un coup imprévu, formidable. Puis il eut l’envie furieuse de la battre et de la traîner par les cheveux comme une fille. Et des injures lui vinrent qu’il lui jeta à la face avec un mépris haineux :

— Et c’est ça que j’ai respecté… car tu auras beau te défendre… si je ne t’ai pas eue, c’est que je ne t’ai pas voulue… je n’avais qu’à étendre la main… As-tu dû te moquer de moi ! Un gaillard de mon espèce, se laisser rouler par une débutante !

Il se reprit en riant :

— Toi, une débutante ! disons plutôt une rouée, une farceuse. Quand je pense que je t’ai refusée, ai-je été assez naïf !

Là surtout le brûlait sa blessure ! Il croyait sincèrement l’avoir dédaignée, et se souvenant