Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/15

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d’une indigestion. Et Lucie portait la seule empreinte de Mme Ramel, une femme droite et courageuse, une femme de devoir. Noble exemple pour une fille qu’une telle mère !

Donc, dores et déjà, Lucie réunissait cette triple sauvegarde, l’excellence de l’éducation, du milieu et des principes sucés. Restait le caractère.

Elle avança son départ, et une fois à Dieppe, profitant des soucis qu’imposaient à Mme Ramel les préparatifs d’un déménagement, elle s’empara de Lucie, afin de l’observer à son aise.

Elle ne recueillit que de vagues renseignements. La nature de Mlle Ramel, assez compliquée, n’admettait pas de définition précise, formulée à l’aide d’épithètes. Continuellement, Mme Bouju-Gavart se heurtait à des contradictions, la plupart, du reste, inhérentes à toute jeune fille. Pour ne pas s’avouer vaincue, elle s’empara de quelques aveux semés au hasard par Lucie, selon son humeur ou l’état actuel de ses nerfs et lui accola cette mention : une sentimentale, à qui le mariage rendrait l’équilibre.

Connaissant maintenant les deux parties intéressées, elle conclut à la nécessité de leur union. La tendresse de Robert assouvirait inévitablement les besoins poétiques de Lucie. Ils étaient faits l’un pour l’autre. Cette constatation la combla de joie.