Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/16

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Elle s’ouvrit de son projet à M. Bouju-Gavart. Il s’en enthousiasma.

— Tu as mille fois raison, Mathilde, c’est leur bonheur à tous deux, ces enfants, et j’en serai d’autant plus content que Lucie est ma filleule.

À son tour, il voulut confesser Mlle  Ramel.

Il la prenait par le bras, l’entraînait au Casino, sur la plage, sur la jetée. Sa tête imposante de vieux beau se donnait les airs fats d’un monsieur en bonne fortune. Il se penchait vers sa compagne, galant, empressé, la bouche souriante. Il l’aidait à mettre son vêtement, à rajuster sa voilette et, d’un ton paternel, l’interrogeait, en lui tapotant la main :

— Eh bien, petite, quand me prieras-tu de te servir de témoin ? As-tu l’intention de coiffer sainte Catherine ? Que dirais-tu d’un joli brun, vingt-huit ans et riche ?

Elle, intriguée, débitait ses rêves. Ils variaient chaque jour, ce qui déroutait l’ancien commerçant. Elle admirait le lendemain ce qu’elle dénigrait la veille, et elle se démentait très gravement avec l’aplomb d’une personne qui a beaucoup médité, et dont l’opinion est fermement établie.

— C’est une rouée, pensa-t-il, employant un mot quelconque pour expliquer ce qu’il ne comprenait pas.

Une après-midi, sur le galet, il aperçut son