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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/168

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Il relut : « Un vieil ami, très vieux… » Qui peut-on désigner ainsi ?… Est-ce l’œuvre d’un méchant ou l’erreur d’un convaincu, abusé par de fausses apparences ?

Cette dernière hypothèse l’attrista. Ainsi quelqu’un peut-être croyait à la trahison de sa femme, quelqu’un la méprisait. Un remords l’assaillit envers elle, comme s’il eût été coupable en ne la garantissant pas de telles humiliations.

« Puis-je entrer ? » demanda-t-on en frappant à la porte de son bureau.

Il eut un cri de contentement. Il reconnaissait la voix de Mme Bouju-Gavart. Sans lui laisser le loisir d’expliquer le motif de sa visite, il lui tendit le papier :

— Votre avis, franchement…

Elle parcourut, et comprit tout de suite. Rien ne s’opposa à l’absolue certitude qui l’étreignit. Instantanément la coutume où se tenait son esprit de considérer Mme Chalmin comme inattaquable, fut déracinée. Des faits, des tas de faits jusqu’alors futiles, acquirent leur importance. Tous ils accusaient la complicité de M. Bouju-Gavart et de la jeune femme.

Elle leva les yeux et aperçut Robert qui la dévisageait. Le silence devenait maladroit. Elle eut l’énergie de sourire :

— Eh bien, après ? Je suppose que vous n’y ajoutez pas foi ?