Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

crouler sous elle. Plus rien ne demeurait de son bonheur ni de sa réputation. Et elle s’écria :

— Mon Dieu, que je suis malheureuse !

Mme  Bouju-Gavart la berçait entre ses bras, la dorlotait, essuyait ses yeux et ses joues, et, toujours douce et maternelle :

— Console-toi, ma fille, toute peine s’efface, tu peux réparer ta faute et l’oublier en ne la commettant plus. Si tu as souillé ton âme, ton cœur est resté bon. J’espère en lui. Sois sage, sois digne. Aime ton mari, il le mérite. Aime ton fils, tu le lui dois. Avant d’être femme, tu es l’épouse, surtout tu es la mère.

Dans l’âme de Lucie descendait la paix bienfaisante de ces paroles. Le son singulièrement profond de cette voix la baignait de sérénité. Ses larmes tarirent. Elle admira cette indulgence exquise, souhaita d’y atteindre. D’excellentes résolutions la harcelèrent. Quelle plus noble volupté, le culte du foyer, le souci de l’honneur ! Quelle plus enviable tâche : vénérer son mari, instruire son fils ! Elle s’y détermina. Le devoir l’appelait. Elle eut soif de sacrifice. Avec combien d’élan elle eût accepté l’occasion de se dévouer !

Sa physionomie s’imprégna d’extase, et, de l’accent radieux d’un martyr qui vole au supplice, elle déclama :

— J’agirai selon ce que vous me comman-