Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/18

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qui s’ouvrait entre deux gros piliers chargés de verdure, on apercevait une pelouse étroite et longue, encadrée de massifs d’arbres. Au milieu de cette pelouse, un énorme marronnier, orgueil des propriétaires, bouchait la vue. Au fond s’étendait l’habitation, vieille bâtisse blanche, composée de pièces et de morceaux.

Les présentations eurent lieu, puis on se mit à table. Tout de suite la glace fut rompue. On se connaissait déjà si bien par les Bouju-Gavart.

Robert, prévenu, fit beaucoup de frais et justifia sa renommée de causeur brillant. Il raconta divers épisodes de la guerre avec une émotion qui empoigna ces dames et en même temps une verve gouailleuse, qui sembla très forte.

On prit le café dans une tonnelle en remblai au-dessus de la route. On dominait la Seine. Les invités ne manquaient jamais de s’exclamer :

— C’est ravissant !

Chalmin s’acquitta de cette tâche. Tout bas Lucie dit à son parrain :

— Est-ce votre beau brun de vingt-huit ans ?

Elle se moquait gentiment. Il lui saisit les bras :

— Curieuse, tu voudrais bien savoir… En tous cas, celui-ci, comment le trouves-tu ?

— Bien haut sur pattes, fit-elle en se dégageant.