Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/181

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— C’est donc bien extraordinaire ?

Elle le suivit de loin, réjouie de cette escapade qui coupait l’interminable journée. En route elle se rappela ses promesses à Mme  Bouju-Gavart, et tenta vainement de se confectionner un remords. D’ailleurs que risquait-elle ? Elle était si sûre d’elle-même.

L’appartement, situé rue Nationale, se composait de deux pièces, un boudoir et une chambre dont on apercevait le lit. Lemercier alluma le feu, Lucie examina le salon. Une étoffe de jute rouge brique couvrait les murs. Tout autour, des divans couraient, vêtus de soies brillantes. Un lot d’ombrelles et d’éventails japonais, artistement disposés, donnaient de la gaieté. Un palmier et un fusain jaillissaient.

— Ah ! voilà qui est fait, maintenant chauffez-vous, prononça Lemercier, se redressant et approchant un fauteuil.

Elle s’assit. Les pieds sur les chenets, les mains croisées au-dessous de ses genoux, elle tenait ses jupes relevées, de façon à découvrir ses chevilles et le bas de ses mollets. Lui, disposa deux coussins à terre et s’accroupit auprès d’elle.

La scène de séduction commença. Il possédait à ce sujet un programme exact dont il ne s’écartait jamais, en ayant toujours observé la réussite.