Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/209

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chèrent ensemble. Son vœu s’était réalisé, elle conversait avec une de ces femmes. Elle s’efforça de se rappeler les questions qu’elle désirait leur poser. Son cerveau alourdi s’y refusa. Toute sa pensée, tous ses sens, convergeaient au même but, garder son équilibre. Elle fixait un point à quelques mètres et s’avançait vers lui, d’un pas saccadé.

Soudain une demi-douzaine d’habits noirs l’enlevèrent et la portèrent dans une avant-scène. Elle riait aux larmes, croyant à une plaisanterie. Une révolte cependant la raidit, lorsque des mains fureteuses touchèrent à son domino. Elle eut conscience du danger qu’elle courait, et colla ses poings crispés contre son loup de velours.

En une seconde, sa ceinture fut brisée, sa tunique déchirée, des lèvres et des doigts violèrent la chair de sa gorge et de ses jambes. Elle se mit à crier désespérément. Elle se débattait à coups de pied, se tordait, mordait. On lui fit un bâillon de son mouchoir et on lui maintint les poignets et les chevilles. Alors, impuissante, elle pleura de rage.

Une seconde fois, Verdol la sauva. Il avait grimpé, en s’aidant des moulures du balcon. Deux de ses amis le suivaient. Il s’écria :

— Allons, Messieurs, un peu de respect pour la présidente du Nocturne !