Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/24

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créance que l’on donne aux faits accomplis, indiscutables.

Le monde cependant commençait à s’inquiéter. On harcelait de questions M. et Mme Bouju-Gavart. Ils se défendaient mollement.

— Non. je vous assure qu’il n’y a rien… et vous admettrez que, s’il y avait quelque chose, nous serions les premiers à le savoir, puisqu’ils se sont connus chez nous. Mais vrai !…

Ils vivaient au milieu de cette intrigue avec une ivresse infinie, presque physique chez lui, que troublaient la présence de Lucie et l’idée de son union prochaine, toute sentimentale chez Mathilde qu’assiégeaient des souvenirs de même essence, les souvenirs mystérieux de son passé de femme.

— C’est de l’amour, se disait-elle, de l’amour !

Et ce mot avait, sur ses lèvres, une saveur de mot défendu.

Plusieurs fois, au moment du dîner, elle alla chercher les dames Ramel et fit prévenir Robert. De bonnes soirées s’écoulèrent ainsi, qu’ils tenaient secrètes, pour accroître leur plaisir.

Au mois de janvier, à une kermesse organisée par les de Bourville, Robert eut le tort d’accaparer Lucie trop ostensiblement.

Le monde s’impatienta. Des propos aigres-doux revinrent aux oreilles des Bouju-Gavart. Ils avertirent Chalmin.