Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/244

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formé, la première, un si simple projet. Quel avenir ils se préparaient ! Être l’un à l’autre, toujours, sans obstacle ! Ne s’accordaient-ils pas à merveille, comme âge, comme tempérament, comme goûts ?

Au bout d’une nuit de méditation, elle lui dit, la voix et l’aspect solennels :

— J’ai réfléchi, mon ami, au désir que tu m’as communiqué, et ma réponse est le résultat non d’un emballement, mais d’un examen sérieux : je suis prête.

— Prête à quoi ? fit-il interloqué.

— Prête au divorce, dès que tu me l’ordonneras.

Il réprima une violente envie de rire, et l’embrassant :

— Je te remercie ; la question est grave, nous en reparlerons.

Elle cultiva dès lors ce rêve avec ferveur.

La malchance cependant s’acharnait après Javal. Le jeu lui engloutit des sommes importantes. Ses créanciers le menaçaient d’une saisie. Un usurier, auquel il avait souscrit des billets, exigeait un acompte. Pierre déclara froidement :

— Il me faut trois mille francs pour le faire patienter. Si dans une huitaine je ne les ai pas, je me brûle la cervelle.

Mme Chalmin sourit, certaine de le sauver. L’amour lui inspirerait quelque artifice.