haut de l’escalier, et il la guida vers son chevalet.
La toile représentait, au premier plan, une partie du mamelon en dos de vache. Un morceau des reins manquait. Le long de l’épine dorsale, se traînait un convoi funèbre que sollicitait l’église de Bon-Secours, descendue, par la volonté du peintre, de la côte Sainte-Catherine où on la distinguait réellement, jusqu’au sommet extrême de la croupe. Sur les flancs palpitait un troupeau de moutons. Des villas roses peuplaient le crâne dégarni du Mont-Fortin qui servait de fond.
Elle examina sans hâte, en personne qui juge et ne formule son opinion qu’après l’avoir mûrement pesée. Elle avançait, reculait, s’écartait à droite, à gauche, penchait la tête, consultait le paysage. Enfin elle articula d’un ton convaincu :
— C’est bien, il n’y a pas à le nier, c’est très bien.
André Dermoye — il dit son nom — repartit :
— Si cela vous plaît, j’ai d’autres machines en train.
Ils pénétrèrent dans l’atelier. Lucie se planta devant les murs. À l’aide des phrases usuelles, elle loua, critiqua, parla des maîtres, du coloris, de la pâte, de la touche. André, lui, se plaignit :