Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/29

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spectacle ». Ces dames refusèrent toute invitation.

Quotidiennement, Robert envoyait une gerbe de fleurs. Deux fois la semaine, c’était un bouquet d’une ordonnance irréprochable, avec des cercles concentriques de roses, d’œillets ou de camélias, le tout émergeant d’une collerette en papier blanc finement découpé. Ce bouquet, planté dans un vase de Chine, y attendait la venue de son successeur. Avant de le jeter, Lucie en détachait une fleur qu’elle étalait sur un album consacré à cet usage.

Chalmin n’embrassait la jeune fille qu’au début et à la fin de chaque visite, en présence de Mme Ramel. Un dimanche, cependant, au retour d’une excursion à l’abbaye de Saint-Georges, Lucie désira monter la côte à pied. Sa mère le lui permit et resta dans la voiture qui disparut au premier tournant. Alors Robert se pencha vers sa fiancée et lui baisa la joue près des lèvres. Leurs bouches se frôlèrent. Un peu interdite, elle eut un mouvement de recul. Il la crut fâchée et s’excusa. D’ailleurs, lui-même s’en voulait. Mais, elle, cette hardiesse l’avait amusée. Elle eut accepté qu’il recommençât sa tentative et, souvent lui en offrit l’occasion. Il ne comprit pas, ce qui la froissa.

Néanmoins ils s’accordaient bien. Dans l’aménagement de leur futur domicile, boulevard