Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rit d’un insuccès puisqu’on la paye. Avec une mondaine, on le dissimule sous un prétexte quelconque. Mais elle, cette courtisane du monde, elle savait tous les stratagèmes. Tant d’hommes avaient exécuté pour elle l’acte d’amour ! Il craignait ses yeux clairvoyants, son expérience de rouée, les multiples comparaisons qu’elle pouvait évoquer. Et il sentait que son impuissance était irrémédiable.

Il voulut alors projeter de la lumière dans cette obscurité où grouillait l’univers des causes et des motifs révélateurs. Il espérait détruire les formidables obstacles qui empêchent deux êtres, nouveaux l’un à l’autre, de s’étreindre l’âme, et, dans son cas, de mêler leurs corps. La femme que l’on rencontre paraît si lointaine, si ténébreuse, si étrangère. Puis le « peu à peu » de la vie commune vous la rend simple et naturelle. Et l’on se demande où est l’énigme dont on s’épouvantait. Il semble que le frère et la sœur, que l’épouse et l’époux, que de vieux amants se pénètrent tellement bien ! La gêne s’abolit. Rien ne déroute.

Il tenta l’épreuve. Il étudia. Mais la difficulté de sa tâche grandissait à mesure que s’accumulaient les découvertes.

D’ailleurs la perfidie de Mme Chalmin l’égarait. D’un mot elle démolissait l’existence qu’elle s’était bâtie. À telle heure elle déplorait la fu-