Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

neste sensibilité qui la perdait, et flanquait chacune de ses fautes d’une excuse vraisemblable, entraînement, trahison de son mari, pitié pour celui qui l’adorait. À telle autre elle l’écrasait d’histoires fantastiques et se targuait des pires bassesses, accomplies froidement, sans d’autre raison que son bon plaisir.

Finalement il douta de ses moindres paroles. Disait-elle la vérité, ou l’altérait-elle ? L’accent, lui, ne changeait pas, une perpétuelle candeur l’imprégnait. Même en glorifiant sa vertu, tout au plus maculée de deux ou trois peccadilles, elle affirmait avec la même ingénuité.

— Au résumé, déclara-t-il, elle ment toujours, mais elle est toujours sincère.

Quelle base mouvante qu’une telle constatation pour élever l’édifice d’un jugement ! Et à quelles piètres découvertes il aboutit après un mois de patient examen !

Elle n’avait pas de sens : ses contorsions et ses spasmes étaient factices, elle singeait des ardeurs immodérées parce qu’elles illustrent la femme capable de les éprouver.

Elle n’avait pas de cœur : elle n’aimait ni son mari, ni son fils, ni ses amants.

Ce n’était pas une inassouvie, une chercheuse, courant comme certains êtres, après une sensation jamais atteinte. Non. Elle voulait simplement jouir du présent. Chaque aventure