Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/342

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avec les domestiques. Elle leur mesurait la nourriture et réduisait la quantité de beurre employée à la cuisine.

Dans le monde elle acquérait une place prépondérante, grâce à sa fortune et à ses réceptions. On la considérait. Les jeunes maris la citaient en exemple à leurs femmes.

Elle s’estima assez forte pour couper court aux relations qui ne réunissaient pas toutes les garanties d’honorabilité. Elle se créa des ennemis. Que lui importait ? Son salon fut réputé d’accès difficile : on essaya d’en franchir le seuil.

Son ambition lui suscita l’envie de se tourner vers Mme Bouju-Gavart. Elle s’en ouvrit à Robert qui acquiesça :

— Tu as raison, elle a eu de graves torts, seulement tu es la plus jeune, et c’est à toi de faire les premiers pas.

Elle se crut très miséricordieuse en accomplissant cette démarche. Le pardon des injures est l’attribut des nobles caractères. La bonne de Mme Bouju-Gavart la pria d’attendre, puis revint avec cette réponse : Madame était souffrante et ne recevait pas. Une seconde tentative fut également infructueuse.

Mme Chalmin en conçut un grand étonnement. Cette ingratitude la navrait. Elle dit à son mari :