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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/343

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— À quoi sert d’être esclave de son devoir !

En visite, elle prenait une part active aux potins. Les amours des autres la captivaient, comme un soldat retraité frissonne au bruit du canon. Ses jugements étaient durs et causés moins par sa rigueur de femme envers une autre femme, que par son mépris pour ces sottes qui se compromettaient. On admirait son inflexibilité.

Une occasion excellente donna libre cours à cette humeur vertueuse.

Au lycée, le jeune Chalmin progressait. Sa mère ne pouvait plus le suivre dans ses études, mais elle le stimulait au travail et les succès de René la récompensaient. La suprématie cependant demeurait à Max Berchon.

Les deux concurrents faisaient leur quatrième. Ils tenaient la tête de la classe. Mais malgré quelques triomphes en mathématiques, René n’espérait pas dérober à son rival le prix d’excellence. Lucie enrageait.

Or, tout d’un coup, un bruit incroyable éclata en ville : Henriette Berchon avait pris la fuite. On savait le nom du monsieur. Mme Chalmin se renseigna. La nouvelle était exacte.

Immédiatement, elle se mit en campagne. Elle trouva le monde fort émotionné. La plupart de ces dames même niaient la possibilité d’un tel événement.