Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/36

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Le soir, Chalmin lui dit :

— Je quitte à l’instant M. Bouju-Gavart. Il croit bien t’avoir rencontrée auprès du cirque.

Dans sa voix perçait une contrariété. Elle craignit un reproche et répliqua :

— Il s’est trompé, ou tu as mal entendu, car je n’ai pas dépassé les boutiques.

Cette réponse ne lui coûta aucune peine. Même elle s’en applaudit en constatant la mine satisfaite de Robert.

Deux ou trois après-midi que Chalmin sacrifia suffirent au jeune couple pour rendre ses visites de noces. On donna plusieurs grands dîners en leur honneur. Ils y allaient, selon la règle, en toilette de gala. Ces repas étaient interminables, la conversation bruyante, les plaisanteries et le menu toujours identiques. Puis ces messieurs fumaient, ces dames papotaient et s’endormaient au salon. On jouait une partie d’écarté, et l’on se séparait vers minuit.

Lucie en revenait enthousiasmée. Elle avait de belles épaules que l’on citait déjà et que Chalmin, par vanité, lui permettait de découvrir à sa guise. Et ce lui fut une jouissance inattendue d’étaler sa chair à l’admiration de tous.

Une fois où elle avait échancré son corsage trop hardiment, M. Bouju-Gavart, l’entraînant dans un coin, la gronda avec bonhomie :