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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/37

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— Tu as tort, petite. Ce n’est pas que ce ne soit agréable à lorgner, mais tu t’attireras des critiques… En tous cas, pas sur leur forme, là il n’y a rien à relever, ajouta-t-il en riant de son jeu de mots.

Il se pencha, l’œil étincelant :

— Sapristi, tu ne manques de rien, toi… Du reste, à Dieppe, aux bains… j’ai deviné… des rondeurs…

Recouvrant son sang-froid, il conclut :

— N’importe, il ne faut pas prêter le flanc à la médisance. Tu es trop décolletée. Tiens, ça descend jusque-là…

Et il toucha du doigt la poitrine de la jeune femme.

Elle l’avait écouté sans l’interrompre. Elle se savait bien faite, cependant n’en tirait aucune fatuité. Aux compliments de M. Bouju-Gavart, les premiers qu’elle entendit, quelque chose d’inexprimable naquit en elle, l’orgueil encore inconscient de son corps. Et de ce germe confus monta comme une onde de bien-être qui gonfla ses veines. Elle eut un sourire hautain.

Elle frappa du bout de son éventail les doigts de « parrain », moins par pudeur que par suite de la sensation désagréable que lui causait ce contact. Étonné qu’elle ne se fâchât point, il l’examina, et il acquit, à l’inspection de ses yeux calmes, la certitude indiscutable qu’elle n’avait