Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/38

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pas compris l’inconvenance de son geste. Cette candeur, sincère pourtant, le stupéfia.

Un des grands plaisirs de Chalmin consistait à recevoir ses amis. Fier de sa femme et de leur intérieur coquet, il s’épanouissait d’aise quand ils semblaient apprécier Lucie, et leur montrait sa maison de la cave au grenier.

Cette maison, de belle et massive apparence, se trouvait à l’angle du boulevard et de la rue Stanislas-Girardin. Une entrée spéciale sur cette rue desservait les bureaux et les magasins situés au fond d’une cour postérieure.

Le rez-de-chaussée comprenait une salle à manger de style Henri II qui communiquait par une large baie avec un salon en damas rouge et or, et par une petite porte avec un boudoir en reps bleu à l’usage de Lucie. Les chambres de maîtres occupaient le premier étage, les chambres de domestiques le second.

Les meubles coûtaient cher. Leur disposition, la couleur des rideaux, le drapé des tentures, attestaient l’heureux choix d’un tapissier et, chez les Chalmin, un goût sûr et banal. Les fleurs et les bibelots manquaient. Des pendules ou des bronzes d’art, flanqués de candélabres, ornaient les cheminées.

Ces réunions, souvent improvisées, amusaient Lucie. Elle simulait toujours l’effarement :

— Excusez mon désordre, Robert ne m’avait