Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/40

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de découvrir une partie de son âme. Après quelques entrevues insignifiantes, où chacune se montra comme il lui convint, elles exposèrent, d’abord timidement, puis sans réticences, les mystères de leur intimité conjugale.

Mariée depuis trois ans, Henriette avoua un commencement de lassitude. Elle vanta cependant les qualités de M. Berchon et se décerna un tempérament remarquable.

Lucie fut embarrassée. Elle n’avait pas une idée très nette de ces questions. Sa chair un peu indolente, s’éveillait mal au désir. Puis Robert, d’une complexion également paisible, n’avait su lui révéler la vie des sens. Une régularité méthodique présidait à leurs caresses. Aussi ne leur accordait-elle qu’une valeur secondaire et des réflexions espacées.

Le bavardage d’Henriette lui fit pressentir son ignorance. Elle en eut honte.

— Moi, dit-elle, ça me surexcite au point que Robert en est effrayé. Je me raidis, ma gorge se contracte, et je ne peux plus émettre un son.

Ses lèvres distillèrent ce mensonge sans efforts. La curiosité de son amie l’en rémunéra, et elle enjoliva son histoire de détails nombreux et décisifs.

Henriette, vaincue, réduite au rang d’élève, parla de certains raffinements qu’elle avouait