Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’ailleurs ne point connaître, M. Berchon les jugeant contraires à la dignité du mariage.

— Quand on y a goûté, paraît-il, le reste est bien fade, n’est-ce pas ?

— Oh ! bien fade, répéta Lucie interloquée.

Elle eut néanmoins l’aplomb de sourire et de continuer, l’air entendu :

— On voit bien que vous ne savez pas…

L’autre, humiliée, voulut des détails. Mais Mme  Chalmin fut inflexible :

— Non, non, cela regarde votre mari, c’est une trop grande responsabilité…

Lucie conserva longtemps de cet entretien une inquiétude sourde. Quels raffinements ? Pourquoi Robert ne les lui enseignait-il pas ?

Afin de l’y contraindre et de se prouver ainsi qu’elle n’avait pas trompé Henriette, elle feignit des ardeurs excessives. Même elle joua l’évanouissement. Affolé, Chalmin prévint le docteur qui conseilla la modération. Elle n’en poursuivit pas moins son rôle de passionnée, métamorphose qui enchantait Robert. Il en attribua tout le mérite à sa persévérance, à son tact, à son horreur de la brusquerie. Il ne put se retenir de complimenter sa femme.

— Dis donc, chérie, je crois que nous y mordons. En vérité, je ne te supposais pas susceptible de tels emportements.

L’aisance avec laquelle elle dupait Chalmin