Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/43

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— Tu penses à communier, n’est-ce pas chérie ?

Elle répliqua sincèrement :

— Oui, je vais m’en occuper.

En effet, le mardi de Pâques, au soir, elle franchit la porte de Saint-Vincent. De nombreux fidèles stationnaient, agenouillés autour du confessionnal. Ses lèvres ébauchèrent une prière et elle attendit. Du temps s’écoula. La foule des fervents diminuait à peine. Elle regarda sa montre : elle marquait sept heures. Alors, comme son tour tardait, elle s’en alla.

— Je te demande pardon, dit-elle à Robert, j’arrive de l’église, et il y avait un monde fou.

Il sourit affectueusement :

— Donc, tu es en état de grâce ?

Ce fut presque malgré elle, sans songer aux conséquences fâcheuses où cela l’entraînerait, qu’elle affirma :

— Oui, c’est pour demain.

Tout de suite elle regretta sa réponse et résolut de se confesser dès le matin, avant la messe. Mais les procédés respectueux de son mari atténuèrent son repentir. Il affectait une politesse attendrie, évitait tout propos qui pût l’offusquer, et quand elle se déshabilla, tourna scrupuleusement la tête. Un baiser au front, sur les cheveux, clôtura la journée.

Ces manières finirent par impressionner Lucie