menaçait. Rassurée, elle arrangea les coussins du divan et s’étendit.
Aussitôt, la phrase de Paul retentit à son oreille : « Il nous manque un quatrième »… et elle s’avoua qu’en effet c’eût été plus complet. Ce désir l’étonna elle-même. Quel plaisir personnel lui eût apporté la présence de cet être ?
Seuls tous deux, qu’auraient-ils dit ? qu’auraient-ils fait ? Elle tâcha de se figurer leurs attitudes respectives. Lui, certes, se fût mis à genoux, et la voix suppliante, il eût imploré ses mains, ses lèvres, des coins de sa chair. Délicatement il eût tenté de dégrafer sa robe et d’endormir sa pudeur par des mots et par des gestes doux. Mais, elle, se serait-elle défendue ?
Alors, pour la première fois, l’idée d’un amant, trop confuse jusqu’ici pour qu’elle eût à l’envisager, se présenta d’une façon précise à son esprit.
Elle ne s’en indigna pas. L’idée tombait dans son cerveau, comme dans un terrain merveilleusement préparé. Elle y germa spontanément, grandit et se développa sans efforts. Aucun sentiment opposé ne la contraria.
Tout de suite, une foule d’excuses assiégèrent Lucie, comme si elle fût déjà coupable. Elle se rappela les révélations de Mme Berchon sur la société rouennaise, ces racontars auxquels l’opinion expérimentée de parrain devait donner