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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

cevait au-dessous du journal déployé, n’était-ce pas ?… Il attendit encore cinq minutes, se leva et se dirigea lentement vers la sortie.

Une main se posa sur son épaule. L’homme au journal l’abordait, très aimable, et cet homme lui dit :

« M. Marcos Avisto ? n’est-ce pas ?

— Lui-même… Arsène Lupin, sans doute ?

— Oui, Arsène Lupin… sous le nom d’Antoine Bressacq. Permettez-moi aussi de me présenter comme un ami de la princesse Basileïef. »

Victor l’avait reconnu sur-le-champ : c’était bien l’homme qu’il avait aperçu un soir, à l’hôtel Cambridge, avec l’Anglais Beamish. Ce qui le frappa tout de suite, c’est la dureté, mais aussi la franchise des yeux gris foncé, couleur d’ardoise. Cette dureté, un sourire affable la corrigeait, et plus encore le désir manifeste de plaire. Une allure très jeune, un buste large, un air de grande force et de souplesse sportive, beaucoup d’énergie dans la mâchoire et dans l’ossature du visage… Quarante ans peut-être. Une excellente coupe de vêtements.

« Je vous ai aperçu au Cambridge, dit Victor.

— Ah ! fit Bressacq en riant, vous avez aussi la faculté de ne jamais oublier une personne rencontrée ? En effet, je suis venu plusieurs fois dans le hall avant de me réfugier, comme blessé de guerre, dans la seconde chambre de Beamish.

— Votre blessure ?…

— Presque rien, mais douloureuse et gênante. Lorsque vous êtes venu avertir Beamish — ce dont je vous remercie vivement — j’étais à peu près d’aplomb.

— Assez en tout cas pour lui envoyer un mauvais coup.