Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
163

tôt sembla se retirer en elle-même. À peine prit-elle part à la conversation. Elle écoutait, distraitement d’ailleurs.

Victor, qui parla peu, raconta deux ou trois expéditions dont il avait été le héros, et où, comme de juste, son mérite n’avait pas été médiocre. Quant à Antoine Bressacq, il montra beaucoup de verve. Il avait de l’esprit, de la gaîté, et une manière de se faire valoir où il y avait autant d’ironie que de vanité amusante.

Le dîner fini, Alexandra servit le café et les liqueurs, offrit des cigares et s’étendit sur un divan d’où elle ne bougea plus.

Victor s’installa dans un vaste fauteuil capitonné.

Il était content. Tout se déroulait selon ses prévisions, dans l’ordre même des événements qu’il avait préparés. D’abord complice d’Alexandra, s’infiltrant peu à peu dans la bande, affirmant ses qualités, donnant des preuves d’adresse et de dévouement, voilà qu’il allait devenir le confident et le complice d’Arsène Lupin. Il était dans la place. On avait besoin de lui. On sollicitait sa collaboration. Fatalement, l’entreprise s’achèverait conformément à sa volonté.

« Je le tiens… je le tiens… murmurait-il en lui-même. Seulement, il n’y a pas une faute à commettre… Un sourire de trop… une intonation maladroite… une réflexion par à-côté, et, avec un gaillard comme celui-là, tout est perdu.

— Nous y sommes ? s’écria Bressacq allègrement.

— J’y suis.

— Ah ! une question, au préalable. Est-ce que vous devinez, à peu près, où je veux vous mener ?

— À peu près.

— C’est-à-dire ?