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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Les quelques jours qui précédèrent l’expédition furent une période délicieuse pour Victor. Il savourait son triomphe prochain, ce qui ne l’empêchait pas d’être infiniment prudent. Pas une fois il ne sortit. Il n’envoya aucune lettre. Il ne donna pas un coup de téléphone. C’étaient là évidemment des garanties qui devaient inspirer à Bressacq la plus grande confiance. Victor, un instant peut-être un peu trop grandi par son initiative et par sa clairvoyance, reprenait de lui-même sa place véritable. Associé, oui, mais subalterne. Les préparatifs, les décisions regardaient Antoine Bressacq. Pour lui, il n’avait qu’à se laisser conduire.

Mais quelle profonde joie il goûtait à observer son redoutable adversaire, à étudier ses façons, à voir de près cet homme dont on parlait tant sans le connaître ! Et quelle satisfaction, après avoir si bien manœuvré pour s’introduire dans sa vie intime, de constater que Bressacq n’avait pas une ombre de méfiance, et qu’il lui faisait part de tous ses desseins.

Quelquefois, Victor s’inquiétait.

« N’est-ce pas lui qui me joue ? Le piège que je prépare, n’est-ce pas moi qui y tomberai ? Dois-je admettre qu’un homme de sa taille se laisse ainsi duper ? »

Mais non. Bressacq s’abandonnait en toute sécurité, et Victor en avait vingt preuves par jour, dont la plus grande peut-être était la conduite d’Alexandra avec qui il passait la meilleure partie de ses après-midi.

Elle était maintenant détendue, souvent gaie, toujours cordiale, et comme reconnaissante de lui avoir révélé le nom du coupable.

« Je savais bien que ce n’était pas moi, n’est-ce pas, mais c’est une délivrance de penser que, si jamais je