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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

rien ne vaut cette sorte de vertige qui vous tourne la tête… J’ai le mépris des hommes qui ont peur, c’est de la lâcheté… mais ma peur à moi, ma peur me grise plus que tout au monde. »

Victor plaisanta et dit à Antoine Bressacq :

« Je crois que le meilleur moyen de guérir cet amour de la peur, c’est de montrer que, quelles que soient les circonstances, il n’en est pas d’assez terribles pour inspirer la peur. Entre vous et moi, c’est un sentiment qu’elle n’éprouvera plus.

— Bah ! dit gaiement Bressacq, qu’il soit fait comme elle le désire !… Tant pis pour elle. »


III


Le lendemain, un peu après minuit, Victor attendait au rez-de-chaussée.

Alexandra le rejoignit, joyeuse, habillée d’une robe grise, très ajustée. Elle semblait toute jeune, évoquant, plutôt qu’une femme qui se risque vers une aventure périlleuse, une enfant qui se rend à une partie de plaisir. À sa pâleur, cependant, à l’éclat de ses prunelles, on sentait sous cette allégresse frémir une sensibilité toute prête à s’effarer.

Elle lui montra un minuscule flacon.

« L’antidote… dit-elle en souriant.

— Contre quoi ?

— Contre la prison. La mort, je l’admets, mais la cellule, à aucun prix. »

Il lui arracha son flacon, et, l’ayant débouché, en répandit à terre le contenu.