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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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— Donne-moi les deux.

— Ce serait trop commode. Tu descendrais l’escalier et tu sortirais de la maison, comme un brave bourgeois qui s’en va de chez lui ? Non. Il faut que tu saches bien, qu’entre toi et la sortie, il y a une volonté, celle de Victor, de la Brigade mondaine. En dernier ressort, toute l’aventure est là, telle que je l’ai conçue et réalisée. Toi ou moi ! Lupin ou Victor ! Le jeune Lupin avec trois brutes de ses amis, un revolver, des poignards, une complice. Et le vieux Victor, tout seul, sans armes. Comme témoin de la bataille, comme arbitre du duel, la belle Alexandra. »

Bressacq avançait, implacable, le visage dur. Victor ne remua pas d’une semelle. Il n’y avait plus de paroles à prononcer. Le temps pressait. Avant que la police n’intervînt, il fallait que le vieux Victor fût terrassé, châtié, et que les clefs lui fussent reprises.

Deux pas encore.

Victor se mit à rire.

« Vas-y donc ! N’aie pas pitié de mes cheveux blancs ! Allons, du courage !… »

Un pas de plus. Et soudain Bressacq fit un bond sur son adversaire, et, du premier coup, de tout son poids, l’écrasa. Ils roulèrent sur le parquet, enlacés, et le duel prit aussitôt un caractère d’acharnement presque sauvage. Victor essayait de se dégager. L’étreinte de Bressacq semblait impossible à rompre.

Alexandra considérait la scène avec effroi, mais sans un mouvement, comme si elle n’avait pas voulu influer sur l’issue. Lui était-il égal que l’un fût vainqueur plutôt que l’autre ? On eût dit qu’elle attendait de savoir, avec une avidité anxieuse.