Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

« Dossier d’Albanie. » Or, lorsque Bressacq, possesseur de certaines indications, fit à haute voix, l’autre nuit, l’inventaire de la pièce du deuxième étage, dans l’hôtel du boulevard Maillot, il énuméra, parmi les souvenirs pieusement conservés : « Album d’images… album de timbres-poste. » Et, chose en vérité miraculeuse, ces quelques mots suffirent à éclairer l’esprit attentif de Victor, de la Brigade mondaine !

« Oui, tout de suite, Victor devina que l’interprétation d’Antoine Bressacq était fausse, que ces trois lettres A. L. B. devaient être et ne pouvaient être que les trois premières lettres du mot album. Les dix millions qui composaient la moitié de la fortune de M. Sériphos n’étaient pas contenus dans un dossier Albanie, mais tout simplement dans un album d’enfant, et sous la forme d’une collection de timbres-poste rarissimes, ayant une valeur marchande de dix millions. N’est-ce pas inouï comme intuition, comme coup d’œil instantané sur les profondeurs d’un mystère ? Un simple geste, effectué par Victor, dans le tumulte de la bataille et dans l’incohérence des allées et venues, et l’album de timbres-poste fut pris et empoché, à l’insu de tous.

« Ce geste ne conférait-il pas à Victor, de la Brigade mondaine, un droit incontestable sur les dix millions ? Selon moi, oui. Non, selon Victor, dont la conscience est faite de délicatesse et de raffinement sentimental. Il a donc tenu à me remettre, en même temps que les Bons de la Défense, l’album de timbres-poste, gardant ainsi ses mains nettes de toute flétrissure professionnelle.

« Je renvoie par courrier — car c’est là une dette sacrée — les Bons de la Défense à M. Gautier, directeur de la Police judiciaire, en lui transmettant toute la