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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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Il fit le tour du logement, qui ne contenait qu’un cabinet de toilette, pauvrement agencé, une cuisine, et une penderie où il aperçut, tout à coup, après avoir écarté les robes, un sac de voyage et une valise de toile dont le soufflet paraissait gonflé.

S’étant brusquement retourné, il surprit un regard entre la jeune femme et son amant. Alors il ouvrit la valise.

Un des côtés contenait du linge de femme, une paire de bottines et deux robes ; l’autre un veston et des chemises d’homme. Dans le sac, un pyjama, des pantoufles et un nécessaire de toilette.

« On voulait donc partir ? » dit-il en se relevant.

Le baron, qui s’était avancé vers lui et le considérait avec des yeux implacables, chuchota :

« Dites donc, qui est-ce qui vous a permis de fouiller ainsi ? Car enfin, c’est de la perquisition, tout cela ? À quel titre ? Où est votre mandat ? »

Victor sentit le danger, en face de cet homme dont on devinait l’exaspération et dans les yeux de qui il voyait réellement l’envie féroce du meurtre.

Il saisit son revolver au fond de sa poche, et, dressé contre l’adversaire :

« On vous a vu hier près de la gare du Nord avec vos deux valises… On vous a vu avec votre maîtresse.

— Des blagues ! s’écria le baron. Des blagues, puisque je n’ai pas pris le train et que je suis là. Alors quoi, il faudrait être franc… De quoi m’accusez-vous ? D’avoir barboté l’enveloppe jaune ? Ou bien même… »

Il prononça, plus bas :

« Ou bien même d’avoir tué le père Lescot ? C’est ça, hein ? »