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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« Tout cela n’a ni queue ni tête, monsieur. Vous auriez contre moi vingt preuves de ce genre que cela ne changerait rien à la vérité. Au contraire, si j’étais coupable, il n’y aurait pas dans ce secrétaire de la strychnine, et dans ce bureau un revolver auquel il manquerait deux balles.

— Comment expliquez-vous ?…

— Je n’explique rien. Le crime a été commis, paraît-il, à une heure du matin. Or, mon jardinier Alfred, dont le logement est à trente pas de mon garage, m’affirmait encore, il y a un instant, que je suis rentré vers onze heures. »

Il se leva, et, par la fenêtre, appela :

« Alfred ! »

Le jardinier Alfred était un timide, qui, avant de répondre, tourna vingt fois sa casquette entre ses doigts.

Mauléon s’irrita :

« Enfin quoi, quand votre maître remise son auto, l’entendez-vous, oui ou non ?

— Dame ! ça dépend… il y a des jours…

— Mais ce jour-là ?

— Je ne suis pas bien sûr… je crois…

— Comment ! s’écria Gustave Géraume, vous n’êtes pas sûr ?… »

Mauléon intervint, et, s’approchant du jardinier, formula, d’un ton sévère. :

« Il ne s’agit pas de biaiser… Un faux témoignage peut avoir pour vous les pires conséquences. Dites l’exacte vérité… simplement… À quelle heure avez-vous entendu ce soir-là le bruit de l’auto ? »

Alfred palpa de nouveau sa casquette, avala sa salive, renifla, et, à la fin, chevrota :