Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
71

puis elle se sentait malade, et ne pensait qu’à se soigner dans les montagnes. »

Le soir même, Victor apprenait qu’une princesse Alexandra Basileïef avait séjourné dans un grand hôtel de la Concorde et qu’on lui renvoyait sa correspondance au Cambridge des Champs-Élysées.

La princesse Basileïef ? Un jour suffit à Victor et à Larmonat pour savoir qu’il y avait à Paris l’unique descendante d’une grande et vieille famille russe portant ce nom, que son père, sa mère et ses frères avaient été massacrés par ordre de la Tchéka, et que, elle, Alexandra Basileïef, laissée pour morte, avait pu se sauver et franchir la frontière. Sa famille ayant toujours eu des propriétés en Europe, elle était riche et vivait à sa guise, originale, plutôt sauvage, en relations cependant avec quelques dames de la colonie russe, qui l’appelaient toujours la princesse Alexandra. Elle avait trente ans.

Larmonat s’enquit à l’hôtel Cambridge. La princesse Basileïef sortait fort peu, prenait souvent le thé dans le hall de danse, et dînait également au restaurant de l’hôtel. Elle ne parlait jamais à personne.

Un après-midi, Victor alla discrètement s’installer parmi la foule élégante qui tourbillonnait ou papotait aux sons de l’orchestre.

Une grande femme pâle, très blonde, passa et prit place à quelque distance. C’était elle.

Oui, c’était elle, la dame du Ciné-Balthazar ! elle, la vision entr’aperçue à la fenêtre de la Bicoque ! C’était elle, et néanmoins…