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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« Vous comprenez bien ce que cela signifie, n’est-ce pas, d’Autrey ? Résumons, voulez-vous ? Le lundi soir, le hasard vous révèle que les Bons de la Défense sont entre les mains du père Lescot. Le mercredi soir, veille du crime, Élise Masson, auprès de qui s’écoulent vos journées, Élise, pour qui vous n’avez pas de secrets, et qui est à la fois votre maîtresse et la maîtresse d’un forban russe, Élise écrit à son amant de cœur : « Le vieux « d’Autrey met debout une grosse affaire. Si ça réussit, lui et moi, nous filons sur Bruxelles, etc… » Le jeudi, le crime est commis et les Bons sont volés. Et le vendredi l’on vous aperçoit, vous et votre amie, près de la gare du Nord, avec les valises toutes prêtes que l’on découvre chez votre amie, le surlendemain ! L’histoire n’est-elle pas claire, et les preuves irréfutables ? Avouez donc, d’Autrey. Pourquoi nier l’évidence ? »

On put croire à cet instant que le baron allait défaillir. Son visage se décomposa. Il balbutia des mots qui ne pouvaient être que les mots d’un aveu prêt à s’épancher… Exigeant la lettre, il dit :

« Montrez… je refuse de croire… je veux lire moi-même… »

Il lut, et il bégaya :

« La gueuse !… un amant… elle !… elle ! que j’avais tirée de la boue !… Et elle se serait enfuie avec lui… »

Il ne voyait que cela, cette trahison, ce projet de fuite avec un autre. Pour le reste, le vol et le crime, on eût dit qu’il lui était indifférent d’en être plus fortement accusé.

« Vous avouez, n’est-ce pas, d’Autrey ? C’est bien vous qui avez tué le père Lescot ?… »

Il ne répondit pas, de nouveau cramponné à son