Page:Leblanc et Maricourt - Peau d’Âne et Don Quichotte, paru dans Le Gaulois, 1927.djvu/47

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— Vous n’y croyez donc pas aux belles fées qui protègent mon amie Violette ?

— Mais non !

— Alors, vous croyez que je mens ?

Devant l’agression, « la moutarde est montée » au nez de François. C’est un garçon calme, mais pourquoi le petit Parisien le provoque-t-il ? Ses narines frémissent, il serre les dents et ne se contient plus. À son tour, il s’écrie avec colère :

— Oui, vous contez des sottises à ma cousine ; vous lui bourrez le crâne, comme disent les ouvriers de papa.

— Vous êtes un malhonnête !

— Vous êtes un malappris !

Violette est très intéressée. Elle a un peu peur que ses deux amis ne se battent, mais cette peur ne lui est pas très désagréable. Bien vite, d’ailleurs elle se reproche ce sentiment. C’est une bonne fille.

— Allons ! allons ! fait-elle. Demandez-vous pardon. Vous avez tous les deux tort.

— Jamais ! répondent en même temps les deux garçonnets, dressés l’un contre l’autre comme deux petits coqs, les ergots tout prêts, les crêtes en bataille…

— Ils vont en venir aux mains, pense Violette, qui, cette fois, perd un peu contenance… Or, jeux de mains, jeux de vilains…

Comment trouver une diversion ? Ah ! la voici à point nommé. Un hi-han-hi-han sonore qui lui déchire les oreilles fait surgir immédiatement dans son cerveau prompt une idée fantastique et amusante.

— Voyons, mes amis, que penseriez-vous d’un combat qui déciderait et vous mettrait d’accord ? Pierre, tu m’as expliqué ce que c’était qu’un tournoi. Je vous en propose un.

François est très intrigué, une émotion rare envahit Pierre.

— Oui, reprend Violette, un beau tournoi comme au temps des chevaliers.

— Avec les fleurets qui sont dans le cabinet de ton père ?

— Ah ! mais tu vas bien, toi ! Tu ne voudrais pas ! Non ! avec des gaules. C’est déjà très bien. À la campagne c’est toujours comme ça, les tournois. Sans ça, je me fâche.

François ne sait pas trop quelle attitude il doit prendre. Tout ce langage est nouveau pour lui, mais comme il est encore un peu en colère contre Pierre, il demande, gouailleur :

— Et les palefrois ?

— Les… qu’est-ce que c’est que ça ? interroge Violette, l’œil tout rond.

— Les chevaux, répond Pierre sans regarder François.

— Je m’en charge, dit Violette. C’est