Charles, jeune imagination attentive, vierge
sensibilité frissonnante, sur les souffrances qui criaient
autour de lui. Son âme artiste et exaltée vers le
génie[1] sentait plus vivement toutes choses ; il
devait être pour toute sa vie profondément
impressionné par ces souvenirs de barbarie saignant et
hurlant au flanc d’une nature heureuse, noble et
tendre. Ces spectacles quotidiens de douleur
révoltent son âme confiante, enthousiaste des grands
sentiments humanitaires, lui sont prématurément
un symbole de « l’Iniquité humaine », le rejettent
plus ardent au culte de l’Universelle Beauté.
L’adolescent lit. Dans le cachier de ses Essais poétiques[2], on retrouve copiées, avec le relief de force fioritures enthousiastes, les pièces préférées et les pensées élues : « La raison, dit Confucius, est une émanation de la divinité ; la loi suprême n’est que l’accord de la nature et de la raison ; toute religion qui contredit ces deux guides de la vie humaine est un mensonge infâme. » (L’abbé Raynal.) « Telle est, ajoute le jeune homme, la religion dégénérée du Christ. »
De Hugo : Grenade, magie de visions colorées d’une Espagne scintillante et musicale, où l’Europe se chauffait à l’exotisme ; — À une femme, souveraineté charmante de la femme, détentrice du