Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
L’ENFANCE DANS L’ÎLE

Charles, jeune imagination attentive, vierge sensibilité frissonnante, sur les souffrances qui criaient autour de lui. Son âme artiste et exaltée vers le génie[1] sentait plus vivement toutes choses ; il devait être pour toute sa vie profondément impressionné par ces souvenirs de barbarie saignant et hurlant au flanc d’une nature heureuse, noble et tendre. Ces spectacles quotidiens de douleur révoltent son âme confiante, enthousiaste des grands sentiments humanitaires, lui sont prématurément un symbole de « l’Iniquité humaine », le rejettent plus ardent au culte de l’Universelle Beauté.

*


L’adolescent lit. Dans le cachier de ses Essais poétiques[2], on retrouve copiées, avec le relief de force fioritures enthousiastes, les pièces préférées et les pensées élues : « La raison, dit Confucius, est une émanation de la divinité ; la loi suprême n’est que l’accord de la nature et de la raison ; toute religion qui contredit ces deux guides de la vie humaine est un mensonge infâme. » (L’abbé Raynal.) « Telle est, ajoute le jeune homme, la religion dégénérée du Christ. »

De Hugo : Grenade, magie de visions colorées d’une Espagne scintillante et musicale, où l’Europe se chauffait à l’exotisme ; — À une femme, souveraineté charmante de la femme, détentrice du

  1. Cf. les vers cités par Guinaudeau.
  2. Autographes du lycée Leconte de Lisle.