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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/356

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impressions. » Il est écrasé de fatigue. De garde tous les deux jours sur les remparts. Les nuits qu’il passe ainsi en plein air sans se coucher une minute le rendent malade, il souffre de partout.

« Quelle histoire ! Quelle épouvantable fin de cet Empire maudit ! » La misère est lamentable dès le premier mois : les gens font queue aux boucheries de 5 heures du matin à 4 h. du soir « pour n’aboutir qu’à être renvoyés au lendemain ». Les prix des comestibles sont inabordables. « Nous sommes très malheureux. En somme, c’est l’histoire ordinaire de cette stupide et épouvantable chose qu’on nomme la guerre. »

Avec chaque mois la misère devient plus intolérable ; et bientôt de malheureuses familles vont être expulsées faute de ne pouvoir payer les termes échus ! « Il faudrait une loi nouvelle pour les mettre à l’abri de la saisie. « Mais personne ne se préoccupe d’elles.


Nous sommes ici dans le désarroi le plus complet. Il n’y a plus ni gouvernement, ni police intérieure. Les soldats et les mobiles vagabondent par bandes dans les rues, ivres et chantant à tue-tête. Par surcroît, nous avons des craintes très sérieuses dont l’objet n’est que trop défini. Trois cent mille gardes nationaux environ, ne travaillant plus depuis le 4 septembre, reçoivent 1 fr. 50 par jour, plus 76 centimes par femme mariée. C’est donc à peu près 675.000 francs par jour que coûte une garde nationale qui ne sert plus à rien. Si l’Assemblée supprime l’indemnité, nous aurons du soir au lendemain 300.000 hommes sur le pavé, sans travail et sans pain, c’est-à-dire de nouvelles journées de Juin 1848. Personne