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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/357

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ici ne songe à cela. On se préoccupe beaucoup de savoir si les députés de Paris vont plus ou moins terrifier Bordeaux, mais on ne s’inquiète pas du tout de reconstituer l’ordre, le travail, la sécurité et l’existence de chacun et de tous. Nous ne sommes et nous ne serons jamais que des enfants. L’avenir de notre pauvre pays est bien sombre… La viande diminue ; nous n’en avons plus que cent grammes par personne tous les trois jours environ. Reste le cheval, puis les chiens et les rats y passeront, si nous tenons jusque-là. Il faudra se résoudre à faire une sortie en masse. La garde nationale se mobilise ; nous serons avant peu 200.000 hommes armés et prêts à nous jeter sur ces misérables. Si nous sommes repoussés, Paris et la France sont perdus. Personne ne compte plus ici sur la province. — Beaucoup de combats acharnés et sanglants autour des ponts. La mobile se bat bien, mais il y a de grandes pertes. Nous n’avons pas assez de canons de campagne ; les fusils manquent aussi. On fait de tout cela, mais trop lentement. Le gouvernement n’a pas d’initiative. (25 octobre.)


Paris souffre avec grandeur, chacun est plein « de résignation courageuse plutôt que d’enthousiasme », les gardes sur les remparts sont dures par les nuits pluvieuses et glaciales[1]. Leconte de Lisle ne cesse d’admirer le courage de la population :


9 février…

… Je vous annonçais à deux mois d’intervalle

  1. « … Quant à nous, nous vivons au jour le jour, bien durement. En somme, in mort est sur nous et peut nous frapper d’heure en heure. Quel rêve et quelle destinée !