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trouve encore des détails sur notre infortuné compatriote dans la Description de la Louisiane, par le P. Hennepin, 1683 ; dans l’Histoire de la Nouvelle-France, du P. Charlevoix, 1744, et dans l’Histoire philosophique et politique des Établissemens européens dans les deux Indes, par Raynal, 1770.

(Voir un article étendu publié dans la Revue de Rouen, numéro d’avril 1852.)

CHAMPMESLÉ (Marie Desmares), née en 1644, était fille d’un sieur Desmares, exerçant à Rouen la profession de marchand, qu’il avait embrassée à la suite d’une mésalliance qui, dit-on, l’avait fait déshériter par son père, lequel, d’après plusieurs biographes, aurait été conseiller au Parlement de Normandie[1].

Marie, qui, dès sa plus tendre jeunesse, avait, ainsi que son frère, laissé percer une vocation bien décidée pour le théâtre, auquel elle devait se livrer exclusivement, débuta à Rouen dans le courant de l’année 1668, alors qu’un même penchant y faisait également débuter, sous le nom de Champmeslé, Charles Chevillet, fils d’un marchand de Paris.

Cette conformité de goût et de condition ne tarda pas à faire naître entre les deux débutans cette vive sympathie qui devait bientôt les rendre inséparables, et, à peu de tems de là, Rouen, qui venait d’être témoin de leurs premiers pas dans la carrière dramatique, le fut aussi de leur union. Marie Desmares, devenue l’épouse de Champmeslé, se vit presque aussitôt appelée à le suivre à Paris, où celui-ci, après avoir fait ses preuves de capacité, venait d’être admis à tenir un emploi sur le théâtre du Marais. Quant à la Champmeslè, son talent de comédienne avait eu jusqu’alors si peu d’éclat, qu’elle ne parvint à se faire admettre dans cette troupe qu’en considération du succès que son mari venait d’y obtenir. Ce fut cependant sur le même théâtre qu’un nommé Laroque, acteur assez médiocre, mais homme d’un goût sûr et d’une extrême sagacitė, distingua d’abord dans la jeune actrice le germe d’une véritable aptitude à exprimer les grandes passions. Il lui donna d’excellens conseils, dont elle profita si bien, qu’au bout de quelques mois elle jouait les premiers rôles au bruit des applaudissemens de la foule, qui augmentait à chacune de ses représentations.

Ce n’était là, toutefois, qu’un prélude des triomphes qui l’attendaient sur un théâtre d’un ordre plus élevé où elle venait d’être engagée, celui de l’hôtel de Bourgogne, scène illus-

  1. Nous avons acquis la certitude qu’il ne se trouvait à cette époque, dans le Parlement de Normandie, aucun conseiller du nom de Desmares.