Page:Lebrun - Œuvres, tome 4, 1861.djvu/18

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Pareils en leur désordre aux feuilles dispersées,
Que l’automne en partant sous leurs pas a chassées,
L’Autriche voit partout ses soldats fugitifs.
Ils n’osent affronter de leurs aigles tremblantes
Nos aigles triomphantes,
Et livrent sans combat leurs bataillons captifs.

Ulm et ses murs puissants nous rendent leurs cohortes ;
Munich, à son vainqueur, soumise, ouvre ses portes,
Tout cède, et Ferdinand, sans drapeaux ni soldats,
Au césar des Germains vient dans Vienne alarmée
Annoncer notre armée ;
Et voilà qu’en triomphe elle entre sur ses pas.

Mais arrêtons : sans doute un grand danger commence :
Soldats, gardez vos rangs ! en multitude immense
Je vois le Nord armé, qui suit son jeune czar.
Épais de combattants, sous ses flocons de neige,
Il s’avance et protège
D’un flanc vaste et profond les fuites du césar.

En trouvant tout à coup les champs couverts de glace,
Les Russes ont souri, comme si leur audace
Par le climat natal se sentait soutenir :
Mais l’aspect des guerriers qu’un jour en Helvétie
Rencontra la Russie
Va leur rendre peut-être un moins cher souvenir.