Page:Lebrun - Œuvres, tome 4, 1861.djvu/19

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Qu’avaient-ils espéré ? qu’en aurions-nous à craindre ?
Et de leurs rangs sans nombre ont-ils cru nous étreindre ?
La double armée avance, au loin son tambour bat,
D’un village sans nom elle s’appuie entière,
Et, l’attitude altière,
Sous trois cents étendards semble offrir un combat.

L’œil brillant, comme l’aigle, et la joue animée,
Le héros la regarde ; il dit : « La belle armée !
« Demain elle est à nous. La nuit soit au repos !
« — Demain ! » tous l’ont redit. Et la nuit passe en fêtes,
Et le jour sur leurs têtes
Du soleil d’Austerlitz vient dorer nos drapeaux.

Trois puissants empereurs se levaient face à face :
Une heure, et, regagnant ses empires de glace,
Déjà l’un est en fuite, et l’autre est à genoux.
Le troisième... il est grand ! il triomphe, il pardonne,
Il rend peuple et couronne,
Content des lauriers seuls, qu’il réserve pour nous.

Que d’étendards Paris voit suspendre à son dôme !
Sur la place où revit le beau nom de Vendôme
Que de canons, captifs comme leurs étendards !
Qui vont montrer, fondus en colonne guerrière,
D’Austerlitz tout entière
La bataille debout, éternelle aux regards.