Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res où le temps qu’on avait, en nous disant que celui qui offrait les dons sacrés priait autant qu’il le pouvait ; et saint Cyprien nous apprend qu’il y en avait de fixes qu’on ne pouvait ni omettre ni changer. Car quel autre sens peut avoir ce qu’il dit contre un schismatique qui se retirait de l’unité des évêques, qui osait dresser un autre autel, et faire une autre prière de paroles illicites[1] ; precem alteram illicitis vocibus facere ?

Dès que l’Église jouit de la paix au commencement du quatrième siècle, et qu’on consacra des églises magnifiques, où le service divin put se faire avec plus de solennité, on vit augmenter le nombre des prières et des cérémonies. Celles que réglèrent saint Basile et saint Chrysostôme ont fait porter leurs noms aux deux Liturgies dont les Grecs se servent encore aujourd’hui : et c’est pour la même raison que celle de Milan a été appelée la Liturgie de saint Ambroise. Dans le reste de l’Occident un grand nombre de savans hommes s’appliquèrent à composer des Oraisons et des Préfaces, que les Conciles examinaient : car ceux de Carthage[2] et de Milève[3] au temps de saint Augustin, ordonnèrent qu’on n’en dirait point à la Messe, qu’elles n’eussent été approuvées par les évêques de la province. De là ce grand nombre de prières que renferment nos Missels.

Origine de la variété dans les prières et dans les cérémonies.

Le Pape Innocent I, vers le même temps, était surpris qu’il y eut de la variété parmi les églises latines, qui avaient reçu la Foi de saint Pierre ou de ses successeurs. Il aurait souhaité que toutes les églises se fussent conformées à celle de Rome. Mais il était difficile de ramener sitôt à une parfaite uniformité ce qui avait été laissé au zèle et aux inspirations d’un grand nombre de saints et savans évêques. Voconius, évêque d’Afrique, composa un recueil d’oraisons qu’on appelle Sacramentaire ; et Muséus, prêtre de Marseille, vers le milieu du cinquième siècle, est loué du talent qu’il avait de composer de semblables prières, dont on se servit dans plusieurs diocèses. Le saint Pape Gélase, à la fin du même siècle, dressa aussi un Sacramentaire, auquel saint Grégoire-le-Grand, cent ans

  1. Cypr. de unit. Eccles. p. 83.
  2. Conc. Carthag. III. cap. 23.
  3. Conc. Milev, II. can. 13.