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après, fit quelque changement. Et depuis ce temps-là jusqu’au Concile de Trente, le Missel Romain a été appelé le Missel de saint Grégoire. Pépin, Charlemagne, Louis-le-Débonnaire et Charles-le-Chauve le firent recevoir dans les églises de France et d’Allemagne. Il fut aussi reçu au onzième siècle en Espagne. Toutes ces églises ne renoncèrent pourtant pas entièrement à leurs usages : car dès l’an 938 le Pape Léon VII écrivant aux évêques de France et d’Allemagne[1], blâme la variété de leurs offices ; mais il ne fut pas difficile à ces évêques de s’appuyer de l’autorité de saint Grégoire qui avait porté l’abbé Augustin[2], après l’avoir envoyé en Angleterre, à prendre des églises de France ce qu’il trouverait de meilleur dans les offices divins ; et après la plainte de Léon VII, Grégoire VII, au onzième siècle, nous apprend[3], qu’il y avait de la variété dans les offices à Rome même.

Quelque raison qu’on ait de souhaiter une entière uniformité, on a souvent trouvé qu’il était avantageux de reprendre des anciens usages, et même d’en recevoir de nouveaux ; et par un saint commerce qu’il y a toujours eu entre toutes les églises, elles se sont communiqué ce qu’il y avait chez elles de bon et d’édifiant. Rome même a souvent suivi les autres églises, qui avaient presque tout reçu d’elle. C’est ainsi qu’après avoir fait cesser l’ancien Rit Gallican, et le Gothique d’Espagne, elle n’a pas laissé d’en prendre, comme on le verra, des prières et des cérémonies, et de les insérer dans l’Ordinaire de la Messe, qui a été depuis le treizième siècle tel qu’il est aujourd’hui, et qui mérite les éloges que toutes les églises Catholiques en font.

Comment l’Ordinaire a été entre les mains du peuple.

L’Ordinaire de la Messe n’avait guère été qu’entre les mains des prêtres jusqu’à la fin du quinzième siècle. Alors l’usage de l’impression, qui donna lieu de faire imprimer une infinité de Missels en grand et en petit volume, ne permit plus de le tenir aussi caché qu’il l’avait été ; et au siècle suivant les hérésies de Luther et de Calvin, qui osèrent blasphémer contre la Messe, obligèrent une infinité de Laïques mêmes à en lire et à en examiner les prières,

  1. Conc. tom. 9.
  2. Lib. 12. ep. 31.
  3. Can. in die de Consecr. dist. 5.