Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/22

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Défauts des Auteurs qui ont donné des explications mystiques.

Depuis cinq ou six cents ans, des auteurs célèbres ont donné de longs ouvrages sur la Messe. Ceux du Cardinal Lothaire, qui fut fait Pape sous le nom d’Innocent III, en 1198, et de Durandi[1] Évêque de Mende, divisés chacun en six livres, ont été dans la suite cent fois copiés par les auteurs postérieurs, comme ce qu’on avait de meilleur. Mais ces auteurs, quelque habiles qu’ils fussent d’ailleurs, n’étaient pas assez versés dans l’antiquité, et ils n’avaient pas eu le temps de faire les recherches nécessaires. Ils l’ont reconnu, ils l’ont déclaré au commencement et à la fin de leurs ouvrages et l’on sent à chaque page qu’ils ont eu raison de le dire. Leur génie s’est principalement exercé à chercher, et à mettre partout de prétendues raisons mystiques. Leurs allégories se sont trouvées à portée de la dévotion d’un grand nombre de Fidèles : mais elles n’ont jamais été universellement goûtées. Des personnes savantes et appliquées ont depuis long-temps souhaité qu’on ne confondit point ce qui est mystérieux avec ce qui ne l’est pas. En effet, quelque édifiantes que soient les vues qu’on présente aux Fidèles pour nourrir leur piété, il faut qu’elles cèdent aux premières vues qu’a eues l’Église. Si c’est la nécessité, la commodité, ou la bienséance, qui aient été la première cause de la cérémonie qu’on veut expliquer, il faut le dire ; remonter ensuite aussi haut qu’il est possible, pour découvrir les raisons spirituelles que l’Église a, pour ainsi dire, surajoutées à la raison d’institution. Les nouvelles vues qu’on veut proposer de soi-même doivent avoir le dernier rang. Les auteurs cités n’ont point suivi cet ordre, et c’est ce qui rend leurs ouvrages moins utiles, et qui oblige de faire après eux les recherches qu’ils ont négligées.

Projet d’une explication littérale par M. de Vert.

On a compris en notre siècle, mieux que jamais, combien il était important de remonter aux origines des usages de l’Église. Quelques auteurs ont fait diverses recherches sur ce sujet ; mais nul n’avait donné tant de lieu d’espérer un ouvrage complet sur ce point, que Dom Claude de Vert. Il se proposa cette étude presque aussi-

  1. C’est ainsi qu’il se nomme lui-même ; mais on l’appelle communément Durand, parce qu’on a toujours mis en latin Durandus.