Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/31

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etc. qui m’y détermine, comme le veut M. de Vert[1]. C’est seulement le désir de montrer à Dieu par cette posture humiliante l’humiliation de mon cœur. C’est la foi vive qui m’inspire d’élever, en priant, mes mains et mes yeux vers le Ciel, non pas seulement pour exprimer par ces gestes le sens des mots de ma prière, comme le dit M. de Vert, mais pour exprimer la vivacité de mes désirs, qui s’élèvent vers Dieu, comme dit saint Augustin[2], pour m’exciter par là à gémir avec plus de ferveur, et à prier avec plus de fruit. »

Nouvelles idées pour bannir toute mysticité.

M. de Vert, pour bannir tout ce qu’il traite de mysticité, est obligé de chercher d’autres raisons que celles qu’il trouve dans l’impression que fait le son des paroles. Saint Benoît, au sixième siècle, nous a dit qu’on se lève au Gloria Patri, pour marquer par là l’honneur qui est dû à la sainte Trinité, à la louange de laquelle ce verset est consacré ; M. de Vert observant qu’à la fin de chaque Nocturne le chœur qui était assis se lève au dernier répons quand on dit Gloria Patri, a eu une autre vue que saint Benoît : On se lève, dit-il[3], comme pour s’en aller et se retirer du chœur ; car on sortait autrefois à la fin de chaque Nocturne. Qu’attendre d’un auteur qui ne s’applique qu’à chercher de telles causes ? Dans les deux derniers tomes qui parurent en 1713, il entre dans le détail des rubriques, qu’il accompagne de courtes dissertations sur les endroits les plus difficiles. Il y paraît quelquefois un peu plus équitable sur ce qui est évidemment mystérieux ; mais il est vrai aussi qu’il continue à mettre en œuvre les raisons de pure imagination. Quels efforts ne fait-il pas encore, pour ne donner d’autre cause des actions du Prêtre que le son des paroles qu’il prononce ? Le Prêtre finissant les oraisons, joint-il les mains, comme on le fait communément, même dans le monde, en demandant quelque grâce avec instance ? M. de Vert ne trouve d’autre cause de ce geste que les mots in unitate : Soit qu’il joigne ses mains, dit-il[4], à Per Dominum, ou à in unitate, c’est toujours en

  1. Tom. 2. p. 237.
  2. Omnes genua figunt, extendunt manus, vel prosternuntur solo, et hoc magis se ipsum excitat homo ad orandum, gemendumque humiliùs atque ferventiùs. S. Aug. lib. de cura pro mort. cap. 5.
  3. Tom. 2. p. 237.
  4. Tom. 3. rubr. 39. Sommaire, p. 94