Page:Leclercq - Promenades dans les Pyrénées.djvu/28

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desséchées, et elle se vida si rapidement que je dus y mêler de la neige. Mais ce moyen ne suffisait pas à étancher ma soif ardente. Ô bonheur ! nous rencontrons une source dont l’eau filtre à travers une roche : avec quelle joie je m’apprête à y tremper mes lèvres ! Mais Dominique proteste : « Voulez-vous, me dit-il, conserver vos forces jusqu’au bout, ne touchez pas à cette eau froide et traîtresse. » Il faut bien se résoudre à endurer le supplice de Tantale.

Un magnifique panorama s’offre déjà à nos regards ; c’est tout un tableau : nous dominons la sauvage vallée du Bastan. À quelques kilomètres, Barèges apparaît tout au fond, s’effaçant à demi dans l’atmosphère vaporeuse, comme un point perdu au milieu des neiges et des montagnes. De ce côté, nous apercevons les dernières limites de la végétation, la sombre verdure des forêts de pins ; du côté opposé, c’est l’aspect glacial et désert des régions polaires. Des montagnes d’une hauteur effroyable bornent partout l’horizon. Le Néoubielle (vieille neige), un des géants des Pyrénées, nous laisse voir très distinctement ses nervures et tous les détails de sa structure. Mon guide m’indique du doigt le Bergons, le Maü Capera, le Soulom, le Pic de l’Aze, le Braga, la Picarde, l’Arbizon. Et pour couronner le tableau, un ciel