Page:Leclercq - Promenades dans les Pyrénées.djvu/29

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d’un bleu violacé qui dénote les altitudes élevées. Des nuages éblouissants de blancheur errent d’une cime à l’autre. En prêtant l’oreille nous pouvons encore entendre, à travers le profond silence qui pèse sur la contrée, le mugissement indistinct des lointaines cataractes qui s’élancent dans la gorge du Bastan.

C’est à l’endroit où nous nous trouvions en ce moment que le naturaliste Plantade, sentant ses forces défaillir, prononça en promenant ses yeux autour de lui ces paroles, les dernières qui s’échappèrent de sa bouche : « Grand Dieu. ! que cela est beau ! ».

Après une heure d’ascension, nous atteignîmes la crête désignée, et nous vîmes apparaître subitement, et comme par un coup de baguette magique, l’admirable silhouette du Pic du Midi. Cette colossale pyramide, dont les neiges étincelantes fatiguaient la vue, nous écrasait de toute son élévation. De la cime jusqu’à la base, la montagne était enveloppée de frimas. Le soleil faisait onduler sa lumière sur les pentes, et quelques nuages y projetaient des ombres mouvantes.

Le Pic du Midi est remarquable par sa forme. Il ressemble à un géant isolé qui domine tous les autres ; il trône à part, dans une orgueilleuse majesté, et élève vers le ciel sa tête superbe