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III

L’accueil.


Emmenés le 29 au matin de Melreux, nous commencions, encaqués dans des wagons à bestiaux, un voyage d’environ trois cents kilomètres qui ne devait pas durer moins de soixante heures. La longue durée du trajet pour une distance aussi courte, s’explique par la promenade « exhibition » que nous avons faite à travers l’Allemagne, afin sans doute de chauffer à blanc le patriotisme des teutons.

De Melreux à Malmédy, rien de bien spécial, si ce n’est l’attitude pleine d’affliction de nos malheureux compatriotes qui semblent terrorisés à la vue des Allemands et suivent d’un regard mélancolique notre train poussif s’enfonçant dans l’inconnu.

Nous remarquons en passant que les Allemands ont germanisé les noms de quelques gares des vallées de l’Ourthe et de l’Amblève, ou ont fait suivre les noms belges de l’inscription « Neu Deutschland ». En passant à Remouchamps, nous lisons également cette autre inscription prétentieuse : « Wilhem II, Kaiser von Europa ».

Nous arrivons à Malmédy à la tombée de la nuit, et la ballade commence. Notre train se traîne péniblement avec des arrêts prolongés,