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sans aucun doute par les autorités allemandes, étaient sur place pour manifester leurs sentiments à notre égard d’une façon qui rappelle étonnamment certains rites congolais.

Partout nous avons à subir sans pouvoir nous défendre les pires humiliations, les affronts, les injures, les gestes obscènes ou meurtriers, les huées et les cruautés d’une populace exaltée jusqu’à la fureur, d’une populace fanatisée contre nous. Cette rage était telle que deux faits seulement pourront donner à nos lecteurs une bien faible idée des incidents révoltants dont nous fûmes les tristes témoins ou les victimes.

C’est d’abord la curiosité malsaine des femmes et des jeunes filles allemandes.

À chaque arrêt, lorsqu’on nous donnait l’autorisation de satisfaire un besoin pressant, l’impossibilité dans laquelle nous nous trouvions de le satisfaire sans commettre de véritables attentats à la pudeur, si toutefois on admet que les boches en ont une, fit que nombreux furent ceux qu’une pudeur compréhensible retint et se rendirent malades.

Leur rage et leur lâcheté vis-à-vis de nous se traduisit d’autre part par le geste ignoble d’un sous-officier allemand de service dans une gare qui, non content de brutaliser un sous-officier belge, lui cracha en plein visage et se retira en se dandinant, fier de son triste exploit.